Article du 8 mars 2012 – Le Télégramme
Le foyer de Ker Spi accueille, depuis dimanche, le tournage d’un court-métrage intitulé «Retour vers le fauteuil (comédie à roulettes, ou pas)». Un grand moment dans la vie du lieu d’accueil médicalisé.
«On souhaite que les résidants puissent sortir hors du foyer autant qu’ils le veulent… mais l’extérieur a aussi tout intérêt à venir visiter l’intérieur», assène Pierre Hérissard, directeur du foyer d’accueil médicalisé de KerSpi, à Plérin. Un précepte qu’ont suivi six étudiants du lycée Léonard-de Vinci de Montaigu (85), venus réaliser leur projet de fin d’étude: un court-métrage d’une quinzaine de minutes qui sera présenté en avril au jury de leur BTS audiovisuel. «Ils ont 20-21 ans et n’ont pas forcément été confrontés au handicap dans leur vie auparavant. Si leur arrivée, samedi, s’est faite sur la pointe des pieds, il y a aujourd’hui une vraie complicité avec les personnes en situation de handicap», se félicite de son côté Patrice Gablin, professeur au sein de l’établissement scolaire. «Tant qu’à devoir composer avec les contraintes d’examen, autant faire en sorte que le film puisse servir», ajoute-t-il.
Plus qu’un effet «Intouchables»
Évidemment, le tournage d’un film traitant du handicap évoque le récent succès d’«Intouchables». À la différence que le metteur en scène, Philippe Le Coq, n’en est pas à son coup d’essai. Au sein de la compagnie Artémiss de Port-Saint-Martin (44), dont il est aussi le directeur artistique, le natif de Saint-Brieuc a déjà réalisé de nombreux projets avec des personnes en situation de handicap. Et ce depuis de nombreuses années. Yannick Labbé, résidant du foyer de Ker Spi, a d’ailleurs été mis à l’honneur dans un précédent court-métrage: «Négatif». «Il y a 20 ans, dès qu’on voyait une personne en fauteuil roulant, on ne la regardait pas, on ne voyait que le fauteuil», soutient-il. Pour Pierre Hérissard, «le regard des gens a commencé à changer bien avant « Intouchables », mais le film a permis de libérer la parole».
Des relations «fortes mais normales»
«Après quelques jours de tournage, il se passe quelque chose d’à la fois extrêmement fort, mais finalement de très normal: les étudiants parviennent à voir au-delà du fauteuil et découvrent des personnes. Ça peut même être assez touchant. Hier, en fin de journée par exemple, Mathias, un des résidants qui n’a pas l’usage de la communication verbale, voyait bien que le cadreur peinait avec ses 25kg de matériel à l’épaule. Il a pris sa tablette d’écriture pour lui dire: « Je vois bien que tu souffres. Je souffre avec toi »», conclut Patrice Gablin.