François Lencauchez, Bénévole au foyer
(Cette interview a été réalisé pour le journal de janvier 2009, il nous semblait intéressant de vous la proposer à nouveau ici)
Peux-tu te présenter succinctement (ou plus … ) ?
« Pour beaucoup de résidants, je suis François, « François le bénévole ».
Plus précisément, je me nomme Jean-François Lencauchez. Je suis père de trois enfants et quatre fois grand-père.
J’ai 65 ans…Et je trouve que j’ai beaucoup d’années pour mon âge, comme disait Louis Pauwels…
2008 me voyait atteindre le moment où l’on est invité à faire place aux jeunes. Mon métier de médecin n’a offert une telle richesse de rencontres que je me voyais mal risquer de transformer une retraite en retrait. Ma profession, mon éducation, mes lectures m’ont fait prendre conscience de l’importance, de la nécessité des autres pour nous construire, et pour tracer notre chemin de vie.
Depuis déjà longtemps, j’avais prévu de consacrer une partie de cette liberté de temps à des actions de bénévolat. Il me restait à faire le choix parmi toutes les possibilités, tout en souhaitant ne pas risquer d’empiéter, quelque soit ce choix, sur le domaine des professionnels en place. »
Comment as-tu connu le foyer ?
« Etant plérinais, j’avais entendu parler du Foyer KER SPI de longue date, mais sans connaître la structure, ni celles et ceux qui y résident ou y travaillent. Quelques sorties en bateau avec mon ami Eric LE FORESTIER, alors curé de Plérin, m’avaient permis de lui parler de mes projets ; il m’a encouragé dans la démarche d’une « candidature spontanée » auprès de l’équipe de direction du Foyer qu’il connaissait bien.
Dès le lendemain du courrier adressé au directeur, j’avais, sur ma messagerie, la proposition d’une rencontre« .
As-tu été bien accueilli (pas que le 1er jour… ) ?
« Il n’est pas évident pour le « candidat-bénévole » de s’intégrer dans un environnement totalement inconnu. Tant de visages nouveaux ; tant de noms à mémoriser… Le risque de ne pas être apprécié.
Il n’est pas évident pour les résidants, encore plus pour les professionnels, d’accueillir un inconnu dont la démarche peut paraître étrange puisque, sauf erreur de ma part, elle ne connaît pas de précédent dans le Foyer.
Mon premier contact fut avec Thierry, le responsable administratif…. : «Bonjour Monsieur »… Dix minutes plus tard nous proposions d’un commun accord d’user de nos prénoms et de bannir le vouvoiement…Ceci donne une idée de la qualité de mon premier « entretien » au sein de Ker Spi.
Par la suite, de semaine en semaine, les bonjours et les sourires se sont faits plus chaleureux, de la part des professionnels comme de la part des résidants. Quelques regards interrogateurs, que je comprenais fort bien, ont fait place bien vite à des regards de bienvenue. »
Avais tu une idée de ce que pouvait être un foyer ?
« Sans prétention, je crois pouvoir dire oui. Mon métier de médecin m’a fait côtoyer la souffrance, la maladie, les infirmités, les handicaps. Mais ma profession me faisait rencontrer des personnes ; des individus. J’avais donc à découvrir la « vie » dans un foyer. »
Pourquoi as-tu souhaité faire du bénévolat dans un foyer pour personnes handicapées ?
« Mon souhait – et certains pourront penser qu’il est égoïste – était l’insertion dans un bénévolat qui permette des contacts, des échanges. J’ai beaucoup d’admiration pour celles et ceux qui proposent leurs services dans une association en tant que secrétaire ou trésorier, mais… Disons que je me sens plus à l’aise avec les humains qu’avec les chiffres et les comptes-rendus !
Mon choix aurait pu se porter sur une maison de retraite, sur une action d’aide aux jeunes en difficulté.
Ma « candidature » à Ker Spi ayant été retenue, j’ai accepté … Et, si je peux vous confier un secret, je ne le regrette aucunement. »
Que pensais-tu faire en arrivant au foyer ?
« Je n’avais pas de programme arrêté et j’étais ouvert à toute proposition. J’avais dans mon bagage quelques idées concernant le traitement de l’image (photo ; diaporama), ma passion pour la musique ; mais avant tout du temps libre et donc une certaine disponibilité.
Et, encore une fois, je souhaitais avant tout ne pas risquer d’empiéter sur le domaine des professionnels, sans exclure, en espérant même, une coopération, une collaboration avec eux. »
Quel est ton rôle de bénévole au sein du foyer ?
« Inscrit dans un premier temps comme « assistant » dans l’atelier photo, j’ai pu, avec l’accord chaleureux de tous les encadrants, participer à l’atelier radio, animer des jeux de société, et jouer le rôle d’accompagnateur pour des sorties d’un résidant. Mon métier me permet de mettre mes compétences à disposition de l’équipe à l’occasion de sorties collectives comme le « Jumbo-Run » de septembre 2008.
Un projet d’atelier de création musicale sur ordinateur verra peut-être le jour prochainement. »
Tu as apporté ta personnalité, tes idées au foyer, est ce que les personnes du foyer t’ont apporté des choses ?
« Simplicité et familiarité me viennent à l’esprit :
Quelle belle vertu que la simplicité ! Quelle belle leçon de la part des résidants, dans un monde où règne si fortement l’artifice, le rôle qu’on se donne à jouer, le paraître plutôt que l’être.
Familiarité dans le sens noble de ce terme. J’ai vraiment l’impression d’avoir été accueilli dans une famille plus que dans une structure. Et le pense, en disant cela, aux professionnels autant qu’aux résidants.
J’y ajouterais volontiers un sentiment d’admiration devant le sourire et la gentillesse de personnes si fortement éprouvées par la vie. »
Et pour finir une question vide. C’est-à-dire que tu réponds à la question que tu aurais aimé avoir, ou alors tu nous dis ce qui te tiens à cœur..
« Me sera-t-il donné la permission de remplacer cette question par un espoir et un merci ?
L’espoir de pouvoir poursuivre cette coopération tant que je serai accepté, accueilli, et que j’en aurai les capacités. M’est-il permis de souhaiter que, pour moi aussi, Ker Spi soit la « maison de l’Espoir » ?
Et un grand merci à toute l’équipe des professionnels et des résidants. Donner et recevoir, c’est le sel de la vie. C’est LA VIE. »